Nicolas Azalbert

Nicolas Azalbert

Edito Focus Amérique centrale

Vainqueur, l’année dernière, de l’Abrazo de la meilleure fiction, "Ixcanul" de Jayro Bustamante attirait l’attention sur le Guatemala, pays qui nous donnait également la même année "Te prometo anarquía" de Julio Hernández Cordón. Au niveau de la sélection documentaire, c’est "Invasión" du panaméen Abner Benaim qui remportait le grand prix.

Se passerait-il quelque chose au Guatemala, au Panama, au Costa Rica et au Nicaragua? L’Amérique centrale, que l’on connaît davantage pour ses guerres civiles et ses dictatures que pour sa production cinématographique, témoigne  ces dernières années d’une vitalité qui doit autant à la récente création de lois de cinéma, d’écoles et de festivals qu’à la volonté individuelle de réalisateurs isolés et d’un public avide de se voir représenté sur grand écran. Il n’est pas étonnant que les films  reflètent les événements tragiques qui ont marqué l’histoire de la région. "Invasión" revient sur l’offensive nord-américaine de 1989, "Palabras mágicas" de Mercedes Moncada Rodríguez sur la Révolution sandiniste, "Te prometo anarquía", de manière plus allégorique, sur les veines ouvertes d’une région entièrement vampirisée, "Historias del Canal" (film à sketchs) sur les relations tourmentées entre le Panama et les États-Unis à travers l’histoire du célèbre canal. Des cinéastes, comme la française Florence Jaugey, installée depuis plus de trente-cinq  ans au Nicaragua, et son compagnon Frank Pineda, s’interrogent sur les rapports entre violence et cinéma ("El hombre de una sola nota", "Cinema Alcázar", "La isla de los niños perdidos") et Abner Benaim s’intéresse aux rapports entre exil et création dans "Zachrisson". Les paysages magiques d’"Agua fría de mar" de "Paz Fábrega" apparaissent du coup comme un havre de paix, à l’image du Costa Rica qui a su démontrer une continuité démocratique unique dans la région.

Et si le cinéma costaricien sait faire preuve d’un humour certain ("Por las plumas" de Neto Villalobos), il n’échappe pas cependant à une douleur enfouie qui ne demande qu’à surgir à travers les larmes ("El sonido de las cosas" d’Ariel Escalante).

Nicolas Azalbert, membre du comité de sélection longs-métrages.